Mariez Devista est l'un des plus vieux groupes de Lyon, mais ses musiciens ne sont pas près de s'essoufler. Avec son dernier album, sorti en février dernier, le groupe impose une intensité rare sur des compositions percutantes et efficaces. Christophe Talavera, chanteur du groupe, s'est donc plié au jeu de l'interview pour mieux connaître Mariez Devista, qui nous promet encore, j'en suis sur, de bien belles surprises.
Myspace : http://www.myspace.com/mariezdevista
Mariez Devista s'est formé en 1993, qu'elle était à ce moment là et pour chacun d'entre vous, votre expérience musicale ?
A cette époque, tous les membres de Mariez étaient issus de la même formation : "Déficience". Seul le chanteur de l'époque n'a pas continué l'aventure en raison de divergences musicales. Ce groupe, dans un style très "Cold Wave", a tout de même tenu 3 ou 4 ans je crois, avec quelques démos et concerts sympa... C'était nos débuts à tous, nous étions jeunes et naïfs et pour ainsi dire assez mauvais.. mais nous bossions la musique comme des dingues !
Qu'est ce qui a déclenché la naissance du groupe, et pourquoi ce nom à consonance latine ; des origines espagnoles ?
Le départ de notre chanteur a coïncidé avec une forte envie de changement musical. Nos influences étaient résolument rock et c'est ce que nous voulions tous faire. Comme il n'y pas vraiment eu de break entre les 2 formations, nous avons fait notre premier concert à 4 (au Boskop de Montpellier) sous le nous de Déficience. Je me suis retrouvé naturellement derrière le micro et nos nouveaux morceaux en ont surpris plus d'un, à commencer par nous !!! Il fallait changer de nom..Mariez Devista est à la base une chanson que j'avais écrit. Je voulais faire un titre qui parle de la relation privilégiée qu'a l'artiste avec son public, marié de vue, en incluant une touche d'espagnol, ça a donc donné Mariez Devista. Ça a plu au groupe, qui d'autant plus revendiquait à l'époque haut et fort ces origines diverses, italiennes, espagnoles et Germano-espagnoles ! Mariez Devista était donc née.
Au départ, quel était votre objectif, votre ambition ?
Notre ambition était la même que celle de tous les jeunes groupes : jouer, se faire connaître et être meilleur que les autres !!!!
A ce jour, vous n'avez sorti que 4 albums, préférant privilégier la scène. A quel moment le groupe se dit qu'il est en phase de création et se lance dans la composition et donc l'enregistrement ?
En fait on se dit ça en permanence ! C'est ce qui est marrant dans le groupe, nous débordons d'idées musicales ! Nous avons toujours gardé un esprit très rock et basique. Pour nous, quand une chanson est faite, on ne va la "redécortiller" dans tous les sens, on passe à une autre, nous sommes donc très productif !. En fait c'est plutôt tout ce qui s'est passé au sein du groupe qui nous a considérablement ralenti. Il y a eu des départs, des arrivées, puis encore des départs... seuls Steph (guitare) et moi même sommes issus de la formation originale. Il y a eu des moments d'arrêt, et il a fallut plusieurs fois repartir de zéro. Mais nous y sommes toujours arrivé. Je crois que hormis Voyage de noz, Mariez Devista est le plus vieux groupe de Lyon !!!... Et au final c'est plutôt une fierté. Le fait d'avoir passé autant de caps nous donne encore plus envie de nous projeter vers l'avant et donc de créer encore plus !
A l'écoute de l'album et de vos anciens titres sur Myspace, on sent une certaine évolution au niveau du son. Est ce dû notamment à des moyens supplémentaires ?
Pas seulement, nous enregistrons avec les mêmes personnes depuis un certain temps, et à force de travailler ensemble on se comprend beaucoup mieux. Au delà de l'évolution technologique il y a l'expérience des uns et des autres autour d'un nouveau projet. Une expérience qui s'enrichit avec le temps. La grosse différence par rapport à avant, c'est qu'aujourd'hui, quand on rentre en studio, on sait ce que l'on veut. Mais il est vrai que la qualité du son de cet album est en grosse partie due à l'excellent travail de Boudou au mixage et d'un ami, Grégory Faure au mastering.
Alors comment s'est passée la phase de composition, l'écriture et l'enregistrement du dernier album ? Dis nous tout.
Assez rapidement en fait. On avait besoin de présenter un nouveau son aux différentes programmations. Notre précédent album "Le Nerf" avait déjà 3 ans et ne refletait plus vraiment notre image ni nos concerts d'alors. Mais "Retours" fut aussi un peu comme un coup de tête. Nous nous sommes dit que nous allions enregistrer tous les morceaux de notre playlist de concerts, tout en l'enrichissant de quelques invités. Résultat, nous avons pondu 15 morceaux en une semaine pour finalement n'en garder que 12. Ce qui est marrant c'est qu'au moins 2 compos (Souffle, Encore une nuit blanche) ont été totalement improvisé durant l'enregistrement.
C'est toi qui assure la grosse partie des textes et musiques, comment te viens l'inspiration, aussi bien des textes que des mélodies ?
Concernant l'inspiration je la trouve dans mon quotidien tout simplement... pour le reste je dois avoir un côté un peu autiste !!!
Y'a une certaine intensité, mais aussi une certaine puissance qui se dégage sur l'ensemble de l'album, je pense notamment au titre "Mon pote". D'où vous vient cette puissance de jeu et d'interprétation ? Et peux tu nous éclairer sur ce titre ?
Je suis un grand fan d'un groupe lyonnais qui s'appelle Madame Olga. Nous avons eu la chance de faire un plateau avec l'un des nombreux groupes de leur chanteur Thibaud, un groupe également excellent nommé "La Curiosité tua le Chat" et ce, 15 minutes avant de rentrer en studio. Là, je lui ai demandé cash si ça l'intéresserait de faire un titre avec nous sur l'album, et il m'a répondu "banco". Le truc, c'est que je lui avait bien exposé l'idée d'une compo et d'un thème que j'avais en tête, mais rien n'était fait ! Le lendemain j'ai écrit et composé "Mon Pote" pour ensuite aller la répéter illico avec les autres membres du groupe qui étaient également tous très emballé par l'idée. Si ce titre envoie autant, c'est essentiellement grâce aux qualités de "perfomer" qu'est Thibaud. De toute façon sans lui, ce titre n'aurait jamais vu le jour.
Comment définis tu la musique de Mariez Devista ?
Nous faisons du Rock, nous chantons en français... on va dire que c'est du Rock Français !
Certains titres sont très mélodiques, comme Mariez Devista.. On entend du violon, y'a d'ailleurs un instrumental avec 'Paranoïa' sur l'album. Pourquoi ce violon sur l'album ?
Tu parlais d'intensité sur l'album, et tu as raison. Je trouve d'ailleurs que Paranoïa est le moment le plus intense de l'album. Florent est un virtuose, vraiment. Nous avions déjà collaboré ensemble sur notre deuxième album "Décors des funambules" et quand on a une personne avec son talent à ses côtés, on ne peut qu'être qu'admiratif. Je voulais à tout prix que sa compo, "Paranoïa", figure sur l'album, ainsi que sa touche de violon très personnelle sur d'autres morceaux. Ce sont bien grâce à des passages aussi mélodiques que "Paranoïa", "Mariez Devista" ou Encore "une nuit blanche", melangés à des compos beaucoup plus brutes comme "La Mine", "Candice" ou "Le Mort qui mord", que nous avons pu dégager un ensemble très homogène et effectivement assez intense.
Je découvre de plus en plus de groupes issus de la région lyonnaise. Je suis même étonné des groupes qu'il y a sur Lyon et sa région (Triste Sire, Cause, Madame Olga, Elzed, Mariez Devista et bien d'autres encore...), comment expliques tu cela alors qu'au niveau national, Lyon est moins renommée en matière de rock que Bordeaux ou Rennes ?
Mais il y a toujours eu une grande pépinière de groupes rock dans le Rhône, certains groupes ont même récemment un peu percé comme Daytona ou Condense. Certaines assos font même un travail fabuleux pour promouvoir leurs groupes. Je pense d'ailleurs que sur Lyon dans le milieu associatif nous n'avons rien à envier à personne. Il y a également un lieu de répétition extraordinaire sur Lyon qui est "L'Hôtel de la musique" qui propose ses locaux (108 exactement !!!) à des prix tout à fait raisonnables. Cela permet donc à de jeunes musiciens de s'essayer, sans devoir chercher un local à droite à gauche. En Isère, les Abattoirs de Bourgoin dont sont issus entre autre Tasmaniac et Elzed font également un boulot formidable. En fait, je pense qu'il manque en région Rhône-alpes un gros label qui soit une sorte de marque de fabrique et de qualité. On peut se poser des questions aussi sur la perception des groupes de rock en France à l'égard des maisons de disques... quand je vois aujourd'hui Lussi la chanteuse de MyPollux à la nouvelle star, je me dis qu'il y a vraiment des choses qui tournent à l'envers.
Cette pochette toute jaune de l'album...Qu'est ce qu'elle représente ?
Un trou noir ou un œil.. au choix .. mais les deux sont liés.
Et pourquoi ce titre, "Retours" ? Retour de quoi ?
Retours, pour plein de raisons, d'abord parce que 3 titres figurant sur l'album (La Mine, Messagerie, Mariez Devista) sont des morceaux que nous jouons depuis très longtemps et que nous avons remis au goût du jour. Ensuite parce que Florent (violon) est revenu participer à cet album alors qu'il n'y était pas sur le précédent. C'est aussi un jeu de mots avec les retours sur scène qui sont le malheur de tous les techniciens !
Le titre Mariez Devista est l'un de vos premiers titres pourquoi l'avoir remis sur l'album ? Ce titre a d'ailleurs été complètement revu...je l'ai entendu sur votre myspace avec une version live 1993, rien à voir avec le titre sur l'album.
Oui ce changement radical nous a plu. Et puis Mariez Devista n'est pas seulement une chanson, c'est aussi la ligne de vie du groupe. Ce qui est marrant c'est qu'aujourd'hui sur scène, nous reprenons la version quasi originale, et elle met le feu ! Ce qui était loin d'être le cas à nos débuts.
Pourquoi vous comparez-vous à des rats d'égouts ?
17 ans qu'on existe ! et crois moi, en 17 ans on en a vu passer des trains. Par contre nous, on ne nous a pas beaucoup vu alors que nous étions toujours là. Du coup, on a mangé les morts !!!!!!!
Demain Mariez Devista, quel avenir lui souhaites tu ?
De continuer à donner du plaisir. A ceux qui nous écoutent, à ceux qui viennent à nos concerts, à ceux qui nous entourent et à nous même.
Merci pour cet entretien, je te laisse le mot de la fin, ou la pensée du jour, à toi :
De Joe Strummer : "Rock'n'roll will never die !"
Merci à toi Guillaume.